La répression et son traitement médiatique

Une répression particulièrement violente

Depuis le début de la mobilisation contre la loi “Travail”, on ne compte plus les blessé-e-s (genoux fracturés, crânes fendus, bras et dents cassés…) et les interpelé-e-s qui font les frais de poursuites judiciaires. Le gouvernement s’acharne à écraser dès qu’il le peut toutes les initiatives qui vont dans le sens de la mobilisation contre sa loi, en particulier quand celles-ci visent à réunir des secteurs à priori distincts comme les étudiant-e-s et les salarié-e-s. Pour ne citer que ces deux exemples : le déploiement de force de police lorsque des étudiant-e-s de Nanterre vont à la rencontre de postier-ère-s d’Asnières dans le 92 ou encore des CRS et des lacrymos à la gare St Lazare quand des étudiant-e-s veulent y distribuer des tracts aux personnels et usagers de la SNCF…
Cependant, le gouvernement tente parfois des approches plus “fines”, sa favorite étant de briser les mouvements de contestation par la division des forces les constituant. C’est la manœuvre mise en place récemment lorsque les “organisations de jeunesse” ont été reçues à Matignon où Manuel Valls a annoncé des mesures concernant principalement les jeunes afin de tenter de démobiliser dans les facs et les lycées. C’est la même stratégie que celle qui consiste à scinder les mouvements entre “casseurs” et gentil-le-s manifestant-e-s.
Malgré ces manœuvres douteuses, les étudiant-e-s réuni-e-s en coordination nationale (CNE) veulent créer un mouvement rassemblant celles et ceux qui luttent pour changer les choses. Ainsi, même si nous n’avons pas tous et toutes les même méthodes, nous refusons de nous désolidariser de ceux et celles que le gouvernement, la police et les médias appellent les “casseurs”. On nous réserve alors le même sort qu’à ces dernier-e-s, en témoigne l’interruption violente par les gendarmes et les CRS de la manifestation du 14 avril place de la République alors que la préfecture avait donné l’autorisation d’aller jusqu’à Bastille. Notons que lors de ces interventions violentes, la police ne s’embarrasse pas de faire la distinction entre manifestant-e-s et passant-e-s, en témoigne l’agression par un CRS d’une jeune femme assise à la terrasse d’un bar avant que ces derniers n’arrivent.
Face à cette violence d’état, nous ne sommes pas dupes, nous savons que si le gouvernement déploie une telle énergie pour nous arrêter c’est que ce mouvement lui fait peur. Il lui fait peur car au delà du retrait de la loi travail, c’est un modèle de société que jeunes et moins jeunes rejettent quand ils et elles descendent dans la rue. Il lui fait peur parce qu’il réunit des lycéen-ne-s, des étudiant-e-s, des salarié-e-s de tous les corps de métier et des chômeur-se-s. Il lui fait peur parce que de plus en plus de personnes refusent de se résigner face aux lacrymos, matraques, flash-ball et autres joujoux de l’État policier, comme le montre le nombre toujours grandissant de participant-e-s aux manif’ sauvages (non déclarées à l’avance à la préfecture) !

Bref retour le traitement médiatique de l’interruption de la manifestation du 14 avril à République

Nous souhaitons avec cet exemple mettre en lumière le travail de désinformation quotidien des médias main stream.
On peut lire dans le monde du 14 avril dernier :
« Selon l’AFP […] : les CRS ont été visés par des projectiles, ils ont chargé et envoyé des gaz lacrymogènes pour calmer la foule. »

Plusieurs étudiant-e-s et personnels de l’UPMC ont assisté en direct à ce qui s’est passé, voici notre version des faits.
La manifestation partie de Stalingrad à 14h s’était déroulée dans le calme malgré une très forte présence policière. En arrivant place de la République le cortège s’arrête afin de saluer les participants de « nuit debout » qui commençaient déjà à occuper la place, puis s’apprête à continuer la manifestation quand il est bloqué par un cordon de CRS malgré le fait que la manifestation avait été autorisée par la préfecture avec pour trajet Stalingrad – Place la Bastille. Les CRS gazent et rapidement l’air devient irrespirable ; le cortège se disperse sous les gaz lacrymogènes. A ce moment là des projectiles volent en direction des forces de l’ordre qui répondent par toujours plus de lacrymos et de coups de matraques… Les 500 personnes qui sont restées dans le coin se regroupent en petits groupes sur la place et aucun affrontement n’a lieu avec la police présente en masse autour de la place.
Suite à l’intervention policière, la station de métro République a été fermée à cause d’une présence de gaz lacrymogènes trop importante dans la station qui rendait l’air irrespirable. Une personne à terre reste inconsciente plusieurs minutes à cause de la très forte présence de gaz et des coups de matraque qu’elle a reçu…
Pendant que le gouvernement satisfait le capital et institutionnalise la précarité , celles et ceux qui s’en défendent prennent des coups tous les jours et toujours plus fort (déploiement d’hélicoptère pour lancer des grenades lacrymos (31 mars), flash-ball, crânes et corps matraqués, drones de surveillances…) et les médias rappliquent comme des vautours pour diaboliser la réponse légitime à cette violence d’état.